Le centenaire de la mort d’Andrew Taylor Still est pour moi l’occasion de vous présenter cette personne qui à force d’exploration, d’expérimentation et d’abnégation a créé le 22 juin 1874, l’ostéopathie.
Andrew Taylor Still est né en 1828, en Virginie, dans l’un des 24 états constituant les États-Unis de cette époque. Il vivra une partie de sa vie à la frontière, mythe américain qui désigne la limite de l’implantation des populations européennes, repoussées sans cesse plus à l’ouest par des colons à la recherche d’une nouvelle vie et profitant des richesses "inépuisables" de ces territoires.
Le père d’Andrew est fermier, médecin, pasteur et va transmettre ses connaissances à son fils. A cette période, il est possible d’exercer un métier, si l’on en a les compétences, même si l’on n’a pas eu la formation ni le diplôme.
Les conditions de vie sont difficiles, il faut savoir se débrouiller, observer et comprendre les éléments pour les dompter, être autonome. Si vous cassez un outil, il n’est souvent pas possible d’aller en racheter un au magasin de bricolage, il faut le réparer, comprendre pour s’adapter à la situation.
A l’âge de 20 ans, Still s’installe dans la région de Macon, dans le Missouri. Il est fermier, médecin, ingénieur… Il s’intéresse à tout, veut comprendre les mécanismes et fonctionnement de toutes les machines, les locomotives comme le corps humain.
Pour connaitre et comprendre l’anatomie, il n’hésite pas à disséquer des animaux et déterrer des corps dans des cimetières d’indiens.
Les circonstances lui permettront de parfaire ses connaissances en anatomie durant la guerre de Sécession à laquelle il prend part, par conviction du côté des fédérés, participants au combats mais surtout exerçant la « chirurgie ».
Il faut imaginer A.T.Still comme quelqu’un d'obsédé par l’anatomie, la compréhension de son fonctionnement et qui cherche à connaitre, la topographie, la texture de chaque partie du corps humain.
Quoi qu’il en soit A.T.Still commence à douter de la médecine. Il remarque que dans les régions ou la guerre a éloigné les médecins, les enfants meurent moins que dans celles où ils sont encore présents, que les soldats ont plus tendance à mourir de la médecine que de la guerre.
Il faut dire qu’à cette époque, on l’a vu avec A.T.Still, pour être médecin, il n’y a pas besoin de faire de grandes études. La médecine héroïque, est le surnom que l’on lui donne pour le courage dont il est nécessaire, afin d’y avoir recourt. Certains traitement se font par saignée, purges intestinales, à base d’alcool, de cocaïne, d’onguents à base de mercure…
En 1865, A.T.Still a déjà vu mourir sa première femme, quand il perd plusieurs membres de sa famille , à la suite d’une épidémie de méningite.
Impuissant, mais pasteur méthodiste, il ne doute pas de dieu et imagine donc que ce dernier ne peut pas avoir mis la maladie dans le corps de l’homme sans y avoir placé également une façon de la contrer.
Farouchement opposé aux « drogues » que sont les traitements médicamenteux de l’époque, plus dangereux que bénéfiques, il s’imagine que la solution se trouve dans notre corps : « le corps humain est le drugstore de dieu »
Dans ce but, il étudie, test des méthodes de magnétiseurs, rebouteux sans en être convaincu. Il préfère se baser sur sa connaissance de l’anatomie, la mécanique et les découvertes de son siècles, sur la circulation sanguine notamment pour élaborer sa propre pratique.
Le 22 juin 1874, il donne naissance à l’ostéopathie « la loi de l’Esprit, de la Matière et de mouvement »
"Ma science ou ma découverte naquit au Kansas à l'issue de multiples essais, réalisés à la frontière, alors que je combattais les idées pro-esclavagistes, les serpents et les blaireaux puis, plus tard, tout au long de la guerre de Sécession et jusqu'au 22 juin 1874. Comme l'éclat d'un soleil, une vérité frappa mon esprit : par l'étude, la recherche et l'observation, j'approchai graduellement une science qui serait un grand bienfait pour le monde."(A.T.Still, Autobiographie)
Cette nouvelle pratique connait un succès rapide, surtout que cette même année parvint à soigner dix-sept enfants, atteints de dysenterie, incurable et mortelle à cette époque.
Cela ne plait pas à tout le monde. Dans le monde de la médecine ça grince des dents et à l’église, on lui fait remarquer qu’à ce rythme il va filer tout droit en enfer.
Il persévère en devenant ostéopathe itinérant, puis s’installe à Kirksville à la suite d’un typhus qui l’affaiblira un temps.
Une fois guérit plus rien ne freine l’ostéopathie et son inventeur.
Devant son essor impressionnant il forme ses enfant puis créé l’American School of Ostéopathy. Il a alors 64 ans, il y la queue devant son cabinet et certains, venu le confondre en charlatanisme, deviennent ses disciples.
Il continuera d’exercer jusqu’à ses 72 ans, avant de s’éteindre le 12 décembre 1917 à l’age de 90 ans. Il laisse derrière lui l’ostéopathie, une pratique et une philosophie qu’il a relaté dans plusieurs livres et qu’il est indispensable de lire pour tout ostéopathe, afin de comprendre l’alchimie et les circonstances de la création de l’ostéopathie.